Time To Tell Chronographs for collectors

La fabuleuse histoire d’ETA, chapitre 5 : Fusion et renaissance

10 juin 2016

Swatch 1985

L’idée d’un rapprochement entre l’ASUAG et la SSIH était dans l’air puisque le Conseil Fédéral Suisse avait favorisé dès 1980 un contrat de collaboration entre les deux sociétés. De surcroît, en 1981, la SSIH va céder à ETA son secteur quartz. La stratégie de Nicolas Hayek se fonde sur une logique de marché que l’on peut comparer à une pyramide : à la base il y a les montres bon marché fabriquées en très grand nombre. Pour s’assurer une présence indispensable à ce niveau il y a ETA, donc l’ASUAG. C’est donc ETA et son patron Ernst Thomke qui prend en charge la réalisation complète de la Swatch avec le succès que l’on sait. Et en haut de la pyramide il y a les montres chères qui doivent correspondre à une marque à forte notoriété : ce sera Omega donc la SSIH.

Blancpain 1983

La fusion aura lieu entre 1983 et 1984. Le nouveau groupe s’appelle ASUAG-SSIH, emploie plus de 12 000 personnes et fait plus de 1,5 milliards de francs suisses de chiffre d’affaires. Il comporte un secteur “produit terminé” avec les marques Omega, Longines, Eterna, Rado, Hamilton, Certina, Tissot et Mido. Le secteur “mouvements et composants” est représenté par ETA qui regroupe désormais toutes les sociétés d’Ebauches S.A. et qui prend en charge la fabrication des montres Swatch et Endura. Deux autres secteurs, dans le domaine industriel, complètent l’organisation.

En 1984 les choses commencent à s’améliorer : l’ASUAG-SSIH fait un petit bénéfice (26,5 millions CHF) contre 173 millions de pertes un an plus tôt. Ce n’est pas le cas d’Omega, censé être un exemple dans la pyramide, qui continue à perdre de l’argent. Eterna, ARSA, Atlantic sont vendues.

Piguet 1995

Alors survient un nouveau coup de théâtre : en 1985, Nicolas Hayek, à la tête d’un groupe d’investisseurs, rachète 51 % du capital de l’ASUAG-SSIH qui en profite pour devenir la SMH, Société Suisse de Micro-électronique et d’Horlogerie S.A. Nicolas Hayek en prend la présidence.

La suite sera la formidable succes story que l’on connaît. Chiffre d’affaires et bénéfice augmentent régulièrement, en 1992 Blancpain est racheté, de même que la fabrique d’ébauches Frédéric Piguet, en 1997 c’est la création de Calvin Klein Watches et la SMH devient le Swatch Group.

Et le Swatch Group grossit.

Et la grande majorité des ébauches porte le nom ETA.

Cela va bien finir par en agacer quelques-uns…

Ebel 1989

 

Remerciements

– A l’équipe du Musée International d’Horlogerie de la Chaux-de-Fonds, en particulier M. Ludwig Oeschlin, M. Piguet et Mlle Cécile Aguillaume. Le bonheur d’avoir accès aux fabuleuses archive du musée n’a d’égal que la qualité de l’accueil qui m’est réservé lors de mes nombreux séjours.

– A M. Antoine Simonin, de Neuchâtel, dont la librairie recèle toujours un trésor caché.

Bibliographie

– pour la période 1920-1960 je me suis appuyé sur la Revue Internationale d’Horlogerie et le Journal Suisse d’Horlogerie. Trois ouvrages fondamentaux m’ont également guidé. Il s’agit de :

– Les Ebauches, deux siècles d’histoire horlogère, par Philippe de Coulon, Editions de la Baconnière, 1951

– La Société Générale de l’Horlogerie Suisse S.A., par Frédéric Baumann, édité par l’ASUAG en 1956

– Une entreprise horlogère du Val de Travers : Fleurier Watch Co. S.A., par François Jequier, Editions de la Société d’Histoire et d’Archéologie de Neuchâtel, 1972

– pour la période 1960-1998 j’ai également puisé dans le Journal Suisse Horlogerie et dans deux ouvrages plus récents :

– Une région, une passion : l’horlogerie. Une entreprise : Longines, par Jacqueline Henry Bédat, édité par Longines en 1992

– et le remarquable Omega Saga par Marco Richon, édité par Omega en 1998