Entre 1945 et 1960 l’horlogerie suisse va connaître quinze ans de croissance quasi continue. La production annuelle de montres et mouvements va plus que doubler, passant de 18,8 à 41 millions d’unités. Les mesures protectrices interdisant la création de nouvelles fabriques d’ébauches sont prorogées au début des années 1950 puis assouplies par la suite. Mais ce qui a probablement sauvé l’industrie horlogère dans les années de crise va se retourner contre elle : les fabricants d’ébauches restés indépendants ont les plus grandes difficultés à lutter contre la puissance du trust Ebauches S.A. Ils disparaîtront progressivement, et ce sera la fin des ébauches Angélus, Excelsior, Universal, Movado…
Au début des années 1960 la Suisse va être confrontée à une forte poussée de la concurrence étrangère. Il faut dire que l’industrie horlogère s’est reconstruite dans la plupart des pays où elle avait gravement souffert du deuxième conflit mondial. La France et l’Allemagne ont désormais des positions fortes sur leur territoire, et les États-Unis ou le Japon abordent avec de plus en plus de succès leurs marchés extérieurs grâce à des sociétés de taille importante (Timex, Seiko) produisant des montres bon marché par millions d’unités. En Suisse le tissu industriel est très morcelé : il y a plus de 3000 entreprises horlogères et 80 % d’entre elles comptent moins de 20 personnes.
Pour réduire les coûts et pour que les sociétés atteignent la taille nécessaire pour lutter à armes égales avec les groupes étrangers, l’ASUAG, avec l’aide des banques, va alors à nouveau se lancer dans une vaste campagne de concentration.