5 juin 2016
La SSIH naît le 24 février 1930 par la fusion de Louis Brandt et Frères S.A., Omega Watch Co. à Bienne, et de la Fabrique d’Horlogerie Charles Tissot et Fils au Locle. On ne présente plus ces Manufactures qui s’associent en cette période difficile pour rationaliser leurs fabriques d’ébauches et coordonner leurs politiques de vente. Il manque à l’une comme à l’autre de ces sociétés un type de calibre qui devient recherché au début des années 1930 : le chronographe. C’est alors que Marius Meylan qui dirige la Lémania Watch Co., créée en 1884 par son beau-père Alfred Lugrin et sise à L’Orient dans la Vallée de Joux, se rapproche de la SSIH, et en 1932 Lémania est rachetée.
La SSIH va rapidement devenir un acteur majeur de l’horlogerie suisse. En 1948, centenaire d’Omega, la SSIH emploie 1600 personnes et produits plus de 500 000 montres. Et dans les années qui vont suivre la SSIH ne va cesse de croître : 3000 personnes au début des années 1960, plus de 7000 au début des années 1970 avec plus de 10 millions de pièces fabriquées. Cette croissance sera aussi et surtout le fait de rachats de société : Marc Favre en 1955, Eigeldinger et Cie. en 1957, Rayville S.A., fabricant des montres Blancpain à Villeret en 1961. Signalons à ce sujet que ce qui intéresse la SSIH chez Rayville ce sont les remarquables calibres dames et non la marque Blancpain qui est vite enterrée. Toujours en 1961, rachat de l’outil industriel de Cortébert et en 1965 rachat de la Langendorf Watch compagnie, fabricant des montres Lanco. Lorsqu’il s’agit, à la fin des années 1960, de lutter contre Timex et Seiko dans le domaine de la montre économique, la SSIH va racheter en 1969 Aetos, gros fabricant de montres à ancre et deux ans plus tard ESTH (Economic Swiss Time Holding créé en 1967), le plus gros fabricant suisse de montres Roskopf (marques Buler, Continental, Ferex…). Le rachat d’Hamilton, entre 1971 et 1974, sera vécu comme la preuve indiscutable de la suprématie de l’industrie suisse sur son équivalente américaine.
Mais pour la SSIH comme pour l’ensemble de la branche les temps ont changé : en 1975 les ventes chutent de plus de 20 %, en 1976 de plus de 30 %. L’année d’après Tissot cesse d’être une Manufacture et en 1979 les ventes baissent à nouveau de plus de 20 %. Par rapport à 1971 les effectifs se sont réduits de plus de 2000 personnes. Et le résultat 1980 est effrayant : -63,6 % ! Les banques doivent intervenir et trois d’entre-elles constituent un comité de restructuration et font appel à un cabinet spécialisé : Hayek Engineering avec à sa tête un certain Nicolas Hayek. Les solutions proposées sont brutales : Rayville/Blancpain est dissous, Buler, Lanco, ESTH sont vendus. Même Lémania est cédé à un groupe d’actionnaires parmi lesquels on trouve Piaget. Et en 1982 la marque Blancpain est vendue 18 000 francs suisses à un certain Jean-Claude Biver, responsable des montres joaillerie chez Omega…
C’est alors que Nicolas Hayek va s’emparer des deux titans à l’agonie…
A suivre…