17 novembre 2020
par Joël Pynson & Sébastien Chaulmontet.
Les premières montres avec date par guichet ont commencé à être produites en série dans les années 1930, en particulier chez Mimo, avec son modèle Mimo-Meter qui date de 1930, et chez Helvétia, marque de la General Watch Co. à Bienne, qui en 1932 proposa un joli modèle rectangulaire avec grande date par double guichet.
Pour ce qui est des chronographes, il faudra attendre le début des années 1940 pour que la date apparaisse sur des montres fabriquées en série, en particulier chez Patek, Philippe, Angélus et Universal. Mais il s'agissait de date par aiguille et non par guichet. La première date par guichet est apparue sur un chronographe en 1948 grâce au modèle Chrono-Datoluxe d'Angélus. La demande de la part des entreprises qui ne fabriquaient pas leurs mouvements devait donc être forte chez Ebauches SA, pour l'obtention de calibres modernes avec une date bien visible. Et c'est ainsi que vers 1953, le fabricant d'ébauches Vénus proposa une série de calibres avec grande date, y compris un calibre chronographe.
Pour les montres simples ce sont les calibres 216 (petite seconde) et 221 (seconde centrale). Pour les chronographes, c'est le calibre 211 que nous allons examiner en détail.
Le calibre Vénus 211 a pour base le calibre 210 de 12,5 lignes (28 mm) lancé lui aussi en 1953. Le 210 est un calibre économique, sans roue à colonnes, qui se démarque des autres calibres Vénus et Landeron par sa petite taille. Sa construction est très proche de celle du Vénus 188 de 1949. Le 211 comporte un mécanisme calendrier additionnel, qui fait passer l'épaisseur du mouvement de 6 à 7,3 mm. Il y a deux disques côte à côte, portant les chiffres pour l'indication de la date. Un poussoir, situé vers 8h, permet le réglage de la date lors de la première utilisation, et systématiquement en fin de mois. En effet, en fin de mois la date ne passe pas de 31 à 1, mais à 32, et ce jusqu'à 39. C'est donc par pression successive sur le poussoir qu'on peut reprendre le cycle mensuel à son début.
Le calibre 211 n'a pas eu beaucoup de succès et peu de marques l'ont utilisé. Ceci s'explique en partie par son défaut de passage de date, mais surtout par la désaffection du chronographe dans les années 1950 du fait de la concurrence des belles montres automatiques, des montres étanches et des montres réveil. Il a disparu des catalogues Ebauches SA dès les années 1960.
L'avis de l'expert
Les chronographes munis du calibre 211 sont rares. En tant que calibres économiques, ils étaient le plus souvent montés dans des boîtiers en plaqué, donc fragiles. Il existe toutefois de rares modèles en or. L'autre point faible de ces chronographes est représenté par les disques des dates : ils sont rarement en bon état, et lors de l'inspection d'une de ces montres il faut impérativement s'assurer que les impressions ne se sont pas effacées avec le temps. Il est illusoire d'espérer trouver des disques de rechange. Il faut savoir également qu'au début des années 2000, un stock de mouvements a été remonté dans des boîtiers modernes. Il ne s'agit donc pas de montres anciennes. Mais si le chronographe est ancien et en bon état, quel plaisir alors pour le collectionneur de pouvoir porter l'une des premières grande date de l'histoire !