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Chronographe Excelsior Park "Parachutiste"

Chronographe Excelsior Park "Parachutiste"

Excelsior Park

Vers 1945, Excelsior Park a lancé un chronographe très original. Il comporte deux caractéristiques uniques : une aiguille d’orientation au centre du cadran et une couronne supplémentaire pour la mise à zéro de l’aiguille des secondes.

Description

Joël Pynson

Publication : Janvier 2025

 

1. Excelsior Park

Excelsior Park a été l’un des plus importants fabricants suisses de chronographes et de compteurs. Ses origines remontent à 1866 lorsque Jules-Frédéric Jeanneret a créé sa fabrique d’horlogerie à St Imier.

L’un des fils de Jules-Frédéric Jeanneret, Henri, a constitué en 1901 la société Jeanneret-Brehm, et les deux fils d’Henri, Robert et Edmond, ont pris la suite sous le nom Excelsior Park [1].

1923

Excelsior Park est une manufacture, qui fabrique donc ses propres calibres, et la spécialité de la maison ce sont les chronographes et les compteurs. En 1922 Excelsior Parc dispose d'une gamme de 32 compteurs différents : tachymètres, pulsomètres, à rattrapante, calibre ancre ou Roskopf, pour le foot-ball, le rugby, le water-polo, le hockey, avec sonnerie pour la boxe, compteur Taylor pour les calculs de production, etc.

1941

En 1938 Excelsior Park a créé un calibre chronographe de forme 12/13 lignes destiné aux montres-bracelets. D'abord appelé simplement 12/13, il sera ensuite baptisé calibre 42. Il existe d'emblée avec 1 ou 2 poussoirs et avec compteurs 30 ou 45 minutes. Quelques années plus tard apparut une version classique, ronde, de ce mouvement, appelée calibre 4 et une version avec compteur d'heures du calibre 4, sous la dénomination 42.

2. Les montres boussole

Montres et boussoles ont été associées de longue date. En 1892, le spécialiste des articles en cuir A. Garstin & Co, sur Queen Square à Londres, a fabriqué pour les officiers de sa Majesté des bracelets en cuir sur lesquels pouvaient s’adapter des montres et une petite boussole. Kurt Frères à Grandes, montres Grana et Certina, en a également fait au début des années 1940.

1892

1943

Mais la boussole n’était pas intégrée à la montre elle-même : le magnétisme est l'ennemi de la précision d'un mouvement d'horlogerie, et il fallut attendre le développement des alliages antimagnétiques, en particulier contenant du nickel, pour que l'on puisse rapprocher une pièce aimantée d'un mouvement convenablement protégé.

Dès 1891, Philippe Reinhardt à Berne [2] avait breveté une montre dont le cadran était muni d'un index nord-sud permettant de s'orienter en fonction de la position du soleil. Il a même existé une version militaire de cette montre-boussole solaire, développée en France vers 1908 par le Capitaine Vincent, officier du 149e régiment d'infanterie d'Épinal [3].

La Maison Aram K. Hissarlian à Granges, spécialisée dans la montre Roskopf, s'était intéressée au sujet en 1938 avec un premier brevet signé Gabrielle Jeanne Pierrette Hissarlian-Lagoutte, puis un deuxième en 1940 signé Aram K. Hissarlian décrivant une montre boussole solaire [4].

  

Texte du brevet : Pour s'orienter à l'aide de cette montre, sur l'hémisphère boréal, on procède de la manière suivante :

On place l'index d sur la division de la graduation g correspondant, aussi exactement que possible, à l'heure marquée par les aiguilles e, f de la montre, dans le cas particulier 8 heures 22 minutes du matin.

Ensuite, la montre est placée horizontalement et on l'oriente de façon que l'ombre solaire d' portée sur le cadran par l'index d, se place sous l'index ou soit projeté, en s'allongeant radialement, en direction du centre du cadran, comme représenté au dessin. Dès lors, la Rose des vents est approximativement orientée, l'index fixe h indiquant la direction N-S.

Cela permit la sortie en 1941 d'un chronographe très original : « L'intérêt astronomique de cette nouvelle pièce réside dans le fait qu'elle fournit des résultats d'une exactitude bien supérieure à ceux que l'on obtient avec une montre ordinaire. Le brevet est caractérisé par trois éléments essentiels : une flèche-index mobile sur le verre, portant l'ombre du soleil sur le cadran, une aiguille fixe sur le cadran, remplaçant l'aiguille aimantée, un cadran gradué spécialement [5]. »

1944

La montre comporte une lunette mobile munie d'un petit index triangulaire noir. Sur le cadran on remarque une rose des vents avec une ligne nord-sud matérialisée. Un examen plus attentif révèle en périphérie du cadran uniquement en haut entre 9h et 3h, une échelle horaire graduée, 6 à 12 à gauche, 12 à 6 à droite. Lorsqu'on veut connaître son orientation, deux opérations sont nécessaires :

« 1. En tournant la lunette, placer la flèche mobile sur la graduation horaire auxiliaire du bord du cadran, à la même heure que celle indiquée par l'aiguille des heures sur le cadran normal. 2. Placer la montre en face du soleil et l'incliner jusqu'à ce que l'ombre de la flèche se place exactement sous la flèche elle-même en s'allongeant radicalement vers le centre. L'aiguille fixe sur le cadran, remplaçant l'aiguille aimantée, indiquera en ce moment la direction du nord. Les indications de la rose des vents seront exactes. Il faut aussi prendre en considération la situation géographique du lieu. »

On peut remarquer en effet qu'on ne peut utiliser ce chronographe en tant que montre-boussole solaire que dans l'hémisphère nord ou boréal. Dans l'hémisphère sud, ou austral, il faudrait que l'échelle horaire périphérique soit inversée, en position inférieure sur le cadran.

Aram K. Hissarlian a également produit des montres non chronographe avec ce dispositif.

1946

3. Le chronographe Excelsior Park « Parachutiste »

Ce principe fut repris et amélioré par Excelsior Park vers 1945 avec un chronographe à aiguille d'orientation :

« Ce chronographe à double poussoir est muni d'une aiguille-flèche pivotant au centre du cadran. Cette aiguille rouge porte la lettre N. Elle effectue un tour de cadran en 24 heures. Pour s'orienter, il suffit, tenant la montre horizontale, de la faire tourner jusqu'à ce que l'aiguille des heures "vise" le soleil. L'aiguille d'orientation indique alors la direction du nord. Lorsqu'après avoir laissé la montre s'arrêter, on la remet à l'heure, l'aiguille des heures doit se superposer à l'aiguille d'orientation à minuit et non à midi. Dans cette montre, un dispositif spécial permet de remettre à l'heure exacte la petite aiguille des secondes. Il suffit en effet de presser, puis de faire tourner une couronne placée sur le pourtour du boîtier, en face de neuf heures, pour déplacer la petite seconde, dans un sens ou dans l'autre [6]. »

Ce dispositif, dont le brevet a été déposé par la manufacture de St Imier en 1943 [7], permettait une mise à l'heure « à la seconde », au top d'un signal radiophonique par exemple.

Quelques années plus tard, lorsque le mouvement de 14 lignes (31,60 mm) calibre 4 fut muni d'un antichoc, Excelsior Park a recommandé cette montre aux parachutistes militaires :

« Dans l'avion qui les transporte, les parachutistes reçoivent par radio l'heure exacte au moment propice. Chacun met alors son chronographe à l'heure à 1 seconde près, en déplaçant la petite aiguille de seconde de la quantité voulue par le moyen de la couronne B. De ce fait, après le parachutage, c'est pour ainsi dire à 1 seconde près que tous les hommes peuvent aborder en équipe aux heures prescrites, les diverses tâches qui leur sont confiées. En mettant en marche les aiguilles de chronographe et de compteur par le moyen d'un des deux poussoirs, il leur est alors loisible de chronométrer à volonté la durée des diverses phases de chaque opération militaire. Pour rejoindre ensuite la base de rassemblement parfois lointaine, en terrain souvent inconnu, le parachutiste dissimulé dans le terrain s'oriente grâce à un autre dispositif encore de cette montre ingénieuse. Pour cela, il lui suffit de tourner la montre de telle façon que l'aiguille d'heures habituelle vise la position du soleil, alors l'aiguille centrale supplémentaire portant la lettre N lui indique automatiquement la direction du Nord [8]. »

4. Description

Le chronographe Excelsior Park « Parachutiste » est en acier avec poussoir rectangulaire. C’est un modèle assez rare.

Il n’existe pas avec boite étanche.

Les chiffres sur le cadran peuvent être luminescents.

On peut trouver sur le cadran la typographie très particulière du chiffre 7, caractéristique des chronographes Excelsior Park, mais certains modèles ont un chiffre 7 plus classique.

Le mouvement est un calibre JB (Jeanneret-Brehm) 4, modifié pour avoir le réglage de la petite seconde.

Ce chronographe a été également commercialisé par Gallet et par Zénith.

Gallet était un important importateur de montres aux Etats-Unis, ce qui explique que ce chronographe porte souvent la marque Gallet.

Pour ses chronographes, Zénith a utilisé des calibres fabriqués par Excelsior Park. Le modèle « Parachutiste » s’appelait chez Zenith « Sextant ». C’est un modèle extrêmement rare.

Il existe également une version non chronographe du chronographe Excelsior Park, elle aussi extrêmement rare.

[1] Plus d’information sur Excelsior Park ici

[2] Brevet CH 3531

[3] Revue internationale d'Horlogerie, 1908, 17, p. 926

[4] Brevet CH 216 462

[5] Journal Suisse d'Horlogerie, 1942, 7, p. 218

[6] Le chronographe avec aiguille d'orientation, La Suisse Horlogère, 1953, 2, p.16

[7] Brevet CH 235 072

[8] Revue internationale d'Horlogerie, 1954, 1, p. 26

Détails du produit

Type
Chronographe
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